Loin du fracas des voitures et de la fourmillante activité de la capitale se trouve, en plein cœur de Paris, la mythique rue de l'abreuvoir de Montmartre, qui va de la rue des Saules à la place Dalida. Pour beaucoup, la traverser ou s'y arrêter est comme passer dans un autre monde, dans lequel le temps s'est arrêté il y a bien longtemps et ne montre aucun signe de vouloir reprendre sa course. La faute à une Histoire chargée d'une part, et à l'amour inconditionnel que lui portent Parisiens et touristes de l'autre.
La rue de l'abreuvoir, une rue symbolique et chargée d'Histoire
Presque sept fois centenaire et rue particulièrement renommée, des sources historiques font remonter l'origine de la rue de l'abreuvoir à 1325, et son tracé n'a depuis pas changé. Dans un quartier - Montmartre - qui n'en manque pourtant pas, ce chemin bucolique parvient à regrouper d'un côté des bâtiments à la fois splendides et historiques, et de l'autre une vue à couper le souffle sur la Ville Lumière, à commencer par cet imprenable panorama sur le Sacré-Cœur.
Lors de sa création, Montmartre ne représente qu'une poignée de maisons regroupées autour d'une petite chapelle et de quelques sources d'eau, et ne fait pas partie de la capitale. La rue de l'abreuvoir, quant à elle, en est l'un des axes principaux puisque, comme son nom l'indique, c'est là que viennent s'abreuver les bêtes. Mais l'agrandissement tentaculaire, siècle après siècle, de Paris, a fini par l'englober en 1860. Sans pour autant la départir de son charme.
Pourtant, comme beaucoup d'axes historiques de la ville, la rue de l'abreuvoir est menacée à partir de 1867 par les pharaoniques projets d'urbanismes menés par le baron Haussmann, qui marquent aujourd'hui tant d'artères de la capitale. Mais la guerre franco-prusse de 1870 vient mettre un coup d'arrêt à ce projet, qui ne sera heureusement jamais repris. Par la suite, ni le siège de la ville par les armées prusses, ni les combats qui ont lieu durant la Commune de Paris en 1871 ne parviendront à venir à bout de ce petit morceau de paradis.
Que voir dans la rue de l'abreuvoir ?
Le salut bienvenu que lui a offert l'exemption des projets de Haussmann l'a aujourd'hui transformé en l'un des étendards de la sérendipité parisienne, qui ondule le long de la butte Montmartre. Difficile en effet, lorsque l'on admire le sol en pavés et les lampadaires venus tout droit d'une autre époque, de se rappeler que l'on se trouve au cœur de Paris.
Mais si une simple balade le long de ce chemin peut largement suffire à remplir votre pellicule, la rue de l'abreuvoir a pourtant bien plus que cela à offrir. Ainsi, nombre de bâtiments historiques y sont préservés, présentant aujourd'hui encore un aspect très similaire à celui qu'ils ont arboré depuis des siècles.
Probablement la plus connue parmi ces derniers, la Maison Rose fut construite au milieu du XIXe siècle, puis rachetée et transformée en restaurant au tournant du XXe. Elle est dès lors devenue un lieu très prisé des artistes de la capitale, qui aimaient tout autant la représenter en photo ou en peinture que s'y restaurer. En effet, difficile d'imaginer un meilleur endroit pour trouver l'inspiration… Élégants voisins de cette bâtisse se trouvent une splendide villa art déco recouverte de lierre et une suite de maisons typiques du Montmartre historique, avec beaucoup d'attention portée à la véracité historique de leur aspect. À l'instar de la Maison Rose, nombre de ces maisons et petits immeubles ont connu leur lot d'artistes, comme le numéro 12, qui a hébergé Camille Pissarro.Mais il ne s'agit ici que d'un court extrait de tout ce que la rue de l'abreuvoir a à offrir, car ici, presque chaque bâtiment a marqué à sa façon l'Histoire de la capitale, et il ne tient qu'à vous de découvrir à quel point.