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L’Histoire de la Goulue, figure de la Belle Époque à Paris

Photo du Moulin Rouge - la Goulue

Publié le 16 Avril 2020

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Elle s’appelait Louise Weber, mais on l’a surtout connue par l’intermédiaire de son pseudonyme, « La Goulue ». Cette danseuse de cancan a marqué la Belle Époque à Paris, avec ses représentations scéniques, mais aussi l’image qu’elle renvoyait entre liberté, générosité et folie ! Son talent, mais aussi sa forte personnalité ont marqué durablement les esprits de ses contemporains, mais aussi de ceux qui leur ont succédé.

La Goulue : pourquoi ce surnom ?

On affirme souvent que Louise Weber se surnommait « La Goulue » en référence à Goulu-Chilipane, un bourgeois vivant sur l’avenue Foch ayant ressenti le coup de cœur pour la danseuse. Tous les soirs, il l’emmenait avec lui pour qu’elle danse, jusqu’à ce qu’on la considère comme sa compagne et qu’on l’appelle « La Goulue ». Mais il faut aussi savoir que, pendant ses chorégraphies, la femme n’hésitait pas à lever la jupe, montrer les sous-vêtements… Et boire une gorgée dans le verre des spectateurs ! Une attitude provocante qui l’entraînait parfois même à « piquer » dans les assiettes pour jouer son rôle à 100 %. Cet appétit lui a valu de conserver longtemps son surnom !

La Goulue et le Moulin-Rouge, une grande histoire

Née en 1866 en région parisienne dans une famille modeste, celle qui s’appelle encore Louise Weber est rapidement happée par le monde du spectacle. En effet, à 13 ans à peine, elle mène déjà une double vie, étant blanchisseuse le jour, et arpentant les bals musette la nuit pour perfectionner son lever de jambe. Si sa carrière lui a permis une fulgurante ascension sociale, elle ne perdra en rien les habitudes de ses origines, conservant la gouaille et le parler de son milieu d’extraction. Ce qui, paradoxalement, a largement contribué à son succès. Le Moulin-Rouge ouvre en octobre 1889 à Montmartre. La Goulue s’y produit avec Jules Étienne Edme Renaudin, surnommé Valentin le Désossé en référence à son visage maigre et blême. Véritable succès, le spectacle attire de nombreux spectateurs. Tous les soirs, les Parisiens fortunés se rejoignent à Montmartre et La Goulue devient rapidement une figure emblématique du quartier. Les affiches réalisées pour promouvoir les représentations de La Goulue au Moulin-Rouge ont fait le tour du monde, sans compter que des peintures de l’artiste Toulouse Lautrec ont également permis à Louise Weber de traverser les époques. Après la période du Moulin-Rouge, La Goulue choisit de faire le show à la foire du Trône, dans une baraque décorée par Toulouse Lautrec avec de grands panneaux. Ces derniers ont été découpés et dispersés, mais les morceaux ont été réunis en 1929 à la mort de la danseuse. La fresque est aujourd’hui visible au musée d’Orsay.

La Goulue, figure résolument moderne et avant-gardiste

Plus qu’une danseuse aussi douée qu’élégante, La Goulue était aussi une figure à la pensée moderne, et qui se battait pour les droits des femmes. Ainsi, lorsque l’adoption d’un article du Code civil consacre la soumission des femmes à leurs maris, elle débarque le soir même au Moulin Rouge, tenant un bouc en laisse, et le présentant comme son « mâââââle »… Dans le même esprit, elle n’hésite pas à arborer un collier de chien, sans chaîne bien sûr, pour montrer qu’elle seule est sa maîtresse. Ces deux coups d’éclat, entre beaucoup d’autres, montrent que La Goulue n’était pas uniquement provocante pour coller à son personnage qui remportait un tel succès, mais aussi pour faire avancer ses convictions et les causes qui lui tenaient à cœur. Peu concernée par la morale de son époque, elle n’hésite pas non plus à enchaîner les amants, qui étaient tout autant des hommes d’affaires ou de la bonne société que des criminels et des prolétaires. Pour autant, elle défend farouchement son indépendance, ne souhaitant dépendre d’aucun homme. Elle aurait ainsi déclaré : « J’avais ma petite ménagerie sans homme, et il ne me manquait rien ». Elle se considérait en effet l’égal des hommes, une attitude littéralement révolutionnaire dans la France de la fin du XIXe siècle.