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Le Studio 28 : Histoire d’un cinéma emblématique de Montmartre

Devanture du Studio 28 dans le 18ème arr. de Paris

Publié le 24 Juin 2019

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En plein cœur de la Butte Montmartre et à quelques pas seulement de l’incontournable Moulin de la Galette, on ne peut pas manquer le Studio 28, un cinéma dont la façade colorée et atypique suscite la curiosité. Première salle de la capitale ayant été classée d’art et d’essai, ce lieu mythique renferme une histoire passionnante, que touristes et habitants locaux aiment toujours découvrir et redécouvrir.

1928-1948 : de la création aux premiers événements marquants du Studio 28

C’est en 1928 que Jean-Placide Mauclaire (journaliste reconnu dans le milieu, puis producteur de documentaires dans les années 1950) inaugure le Studio 28 à Paris dans le 18ème arrondissement, première salle de cinéma entrant dans la catégorie des établissements d’avant-garde. Rapidement, cet espace se différencie des cinémas traditionnels par sa démarche novatrice : il ambitionne avant tout de mettre en avant des œuvres d’art, dans un esprit d’indépendance et de liberté totale. Très vite, les artistes viennent se rencontrer dans cette structure qui laisse toute sa place à l’imaginaire. On y voit notamment Jean Cocteau ou encore Luis Buñuel. Puisqu’il fait partie du « cercle » du Studio 28, Louis Buñuel obtient la diffusion de son film « L’âge d’or » : les deux projections génèrent des réactions si violentes que l’œuvre devient interdite. Dans une situation financière délicate face à l’obligation de rembourser des tickets achetés et à un manque de trésorerie, Jean-Placide Mauclaire revend son établissement à contrecœur. C’est Édouard Gross qui récupère l’affaire en 1932. Il cible ses projections sur les grandes comédies africaines, en version originale. Le succès prend très rapidement avec les créations des Marx Brothers ou encore de Frank Capra.

Les folles années 1950 du Studio 28

Pendant les années 1950, le Studio 28 atteint un niveau de popularité inédit, il rassemble de plus en plus de personnes, autour du cinéma bien sûr, mais aussi d’expositions d’art (photographie, peinture) et même de concerts de jazz. Avec l’arrivée des Frères Roulleau en 1948, plusieurs rééditions séduisent les spectateurs : « Journal d’un curé de campagne » de Bresson, ou encore « La symphonie des brigands » de Friedrich Feher. Lui Buñuel revient également sur le devant de la scène, et diffuse sur place en avant-première sa nouvelle création, baptisée « Los Olvidados ». Dans les années 1950, le Studio 28 peut se targuer d’avoir deux parrains prestigieux : Jean Cocteau et Abel Gance. Il lance son programme de fidélité en 1959, une première dans l’univers du cinéma français.

Le Studio 28 aujourd’hui : toujours une référence à découvrir !

Modernisé dans les années 1990 avec la mise en place d’un son Dolby Stereo et d’un grand écran, le Studio 28 cultive cet esprit de lieu mythique, en marge des cinémas traditionnels de ville. On y tourne parfois des scènes de films, et on continue d’apprécier ses différents espaces (bar, jardin aménagés, halls décorés). Le propriétaire actuel, Jean Roulleau, entretient la réputation de l’espace en gardant son identité unique et en tentant même de le sublimer jour après jour. Par exemple, on peut désormais y apercevoir des appliques dessinées par Jean Cocteau sur les lampes. Bien évidemment, le Studio 28 est aussi devenu un cinéma à la pointe de la technologie : un écran de 10 mètres, un appareil de projection électronique et un son dolby numérique permettent à tous de vivre une expérience unique. En moyenne, la salle diffuse seulement une dizaine de films chaque semaine, par choix : chaque production est minutieusement sélectionnée. Au 10 rue Tholozé dans le 18ème arrondissement de Paris, le but n’est pas de viser la quantité, mais de dénicher d’authentiques pépites dans l’univers du 7e art !   [Source Image : Time Out]