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Au cœur du 18e arrondissement, un cimetière sous les ponts à Paris

Photo cimetière sous le pont Caulaincourt Paris 18

Publié le 24 Mai 2019

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Notre capitale regorge de trésors insolites : bien évidemment, le 18e arrondissement, ayant longtemps conservé un caractère rural avant de devenir le quartier festif préféré des artistes au XXe siècle, ne déroge pas à la règle. On y trouve des monuments à l’Histoire folle, d’anciens ateliers de peintres reconnus, des hôtels particuliers ayant été habités par de grands noms… Et aussi, sous un pont, un cimetière ! Pour découvrir cette pépite aussi rare qu’inattendue, rendez-vous sur le pont Caulaincourt, dans la rue éponyme.

Une construction complexe à la fin du XIXe siècle

Le pont Caulaincourt, long de 160 mètres, passe juste au-dessus d’une partie du cimetière Montmartre, à l’intérieur duquel on peut notamment se recueillir sur la tombe de Dalida. Afin de soutenir cet édifice érigé en 1888, il a fallu concevoir pas moins de 6 colonnes en fonte. Très concrètement, la construction s’est vite révélée problématique, quand on a constaté qu’il était absolument nécessaire d'installer ces fameuses colonnes… Sur des zones déjà occupées par des tombes ! Le pont ne pouvait pas tenir sans, alors la Mairie de Paris a décidé de suggérer aux familles des défunts le déplacement des monuments et des corps. Considérant qu’en transportant un défunt d’un lieu à l’autre on risquait également de laisser s’échapper son âme, beaucoup de familles se sont vivement opposées à cette proposition. Elles ont même été soutenues par des habitants du quartier, émus par cette histoire, souhaitant eux aussi protester pour que les morts soient laissés là où ils avaient été initialement enterrés. Et si cela peut paraître anecdotique, la présence de la tombe de l’amiral Charles Baudin a mis le feu aux poudres. Les héritiers de ce haut-gradé de la Marine estimaient qu’il était totalement impensable d’exhumer le militaire pour installer sa sépulture ailleurs… Il n’en a pas fallu plus pour qu’une pétition soit transférée au Sénat, avec des signataires dénonçant une « violation arbitraire du droit de propriété par la construction ». Les propos sont à cette époque particulièrement violents : on considère que déplacer les tombes reviendrait à les profaner, à dénaturer leur caractère sacré et à remettre en cause le repos de ces âmes en paix.

Des travaux lancés au-dessus du cimetière Montmartre, contre l’avis de la population

Après avoir reçu la fameuse pétition, le Sénat débat pendant 48 heures sur le sujet et finit par jeter l’éponge, en annulant ce projet de construction qui faisait couler tant d’encre. Paradoxalement, presque au même moment, un décret classe cette construction comme un projet d’intérêt public, ce qui contraint les autorités à revenir sur leur décision et à accepter les travaux, malgré toutes les réticences des Parisiens à ce sujet. Il aura fallu deux longues années pour finaliser ce pont au-dessus du cimetière de Montmartre, qui survole bel et bien un angle de la zone, sous lequel on trouve encore des tombes, dont certaines frôlent le béton de l’édifice.

Une nouvelle facette du Montmartre insolite

Lorsque l’on visualise le pont Caulaincourt, on s’aperçoit bien que les fameux piliers sont immédiatement proches des tombes. De plus, puisque la construction n’est pas très haute, elle frôle certains monuments particulièrement imposants. Au détour d’une promenade dans Montmartre, cette découverte étonne toujours les touristes, habitués aux cimetières bien délimités et préservés des regards indiscrets. Malgré tout, chaque jour, de nombreux usagers utilisent cet ouvrage pour franchir le cimetière et poursuivre leur itinéraire, sachant que le pont regroupe à la fois deux voies de circulation pour les voitures et des trottoirs pour les piétons. Pour information, le cimetière Montmartre est situé au 20 avenue Rachel. Il abrite de nombreuses tombes de célébrités, parmi lesquelles on trouve Michel Berger et France Gall, la Dame aux camélias, Michel Galabru, Sacha Guitry, Dick Rivers ou encore Émile Zola.   Source image : Paris ZigZag